"Quand on n'est pas pareil ou qu'on est original, ça fait rire les gens ou pire: ça les dérange." (p. [5]). Mais qu'importe: le jeune narrateur revendique sa différence et mène sa vie comme il l'entend, dans la solitude qu'il a choisie. Coiffé d'une tuque en forme de gland, il passe l'essentiel de son temps dans les bras de son meilleur ami, Bertolt: un très, très vieux chêne dont le feuillage constitue une cachette, une forteresse et un refuge formidables, qu'il partage avec de nombreuses espèces animales. Au fil des ans, le bambin a exploré tous les coins de cet arbre immense depuis le faîte duquel il peut non seulement admirer le monde à des milliers de kilomètres à la ronde, mais également percer à jour tous les travers des villageois: le curé qui arrose ses fleurs en observant la femme du boulanger en pleine séance de bronzage, le facteur qui pose ses collets dans une zone de chasse interdite ou la vieille dame qui dévalise le cerisier du père Griotte! Mais, un beau jour de printemps, le jeune garçon doit se faire une raison: son vieux copain est mort. Attristé par ses immenses branches nues, il décide de lui rendre un dernier hommage d'une façon bien particulière... [SDM]

Un album contemplatif savoureux, qui propose une réflexion tout en finesse, en poésie et en sensibilité sur la différence, la solitude (qui est ici choisie), l'amitié, la mort et la beauté de la nature. Ceci à travers les aventures émouvantes et non dénuées d'humour d'un petit bonhomme haut comme trois pommes, qui semble tout droit sorti d'une bande dessinée belge avec son gros nez et qui pose un regard à la fois lucide et lyrique sur le monde qui l'entoure. Ceci tout en dénonçant, avec une espièglerie subtile, les travers des villageois qui pointent du doigt sa marginalité. Des illustrations amalgamant avec bonheur lavis et esquisses à la plume vitaminées plantent le décor dans une campagne évoquant la France d'autrefois, qui s'anime d'un trait qui n'est pas sans rappeler celui de Sempé. [SDM]